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Du foyer de travailleurs migrants à la résidence sociale

Depuis plus de cinquante ans, la réflexion architecturale sur le logement a profondément évolué. Adoma, dès 1957, l'a incluse dans sa réponse au logement des personnes en situation de précarité, en concevant différents types d'habitat selon l'évolution du public accueilli. Elle distingue 4 périodes principales.

1956-1960 : un appartement en foyer familial

Après la guerre, la rencontre entre l’urgence sociale, le développement des techniques de construction, une certaine conception théorique et esthétique de l’architecture va aboutir à ce que Le Corbusier appelait « la machine à habiter ». Il compte parmi ses amis et admirateurs Eugène Claudius-Petit, président d’Adoma, qui compte bien faire de cette société un acteur important en matière d’architecture et d’urbanisme.

Celui-ci attache en effet beaucoup d’importance à l’aspect architectural et à l’intégration par l’habitat des personnes en situation de précarité.

La conception des premiers foyers-hôtels pour l’accueil de travailleurs migrants prône un bâtiment de type F6 (6 pièces), de 250 lits environ. Cette première génération de foyers correspond à des appartements familiaux d’environ 90 m2 composés de 4 ou 5 chambres, d’une salle commune, d’une cuisine et d’une salle d’eau. Les espaces « jours » sont bien distincts des espaces « nuit ». Il s’agit d’une barre de cinq niveaux composée de trois montées d’escaliers avec, à chaque palier, deux appartements contigus. Les façades, très simplifiées, sont étendues et continues avec parfois un léger décroché.

A l’intérieur de chaque chambre, un lit, une armoire, une chaise et une table. Des salles de réunion, d’alphabétisation sont au rez-de-chaussée. Un des objectifs de ce type d’habitat est de concilier l’exigence d’intimité et la vie semi-collective, au sein de ce que l’on appelle déjà « des petites unités de vie ».

En faisant référence au foyer, on espère ainsi recréer l’atmosphère, le climat et l’ambiance d’un foyer familial, accueillant ces jeunes travailleurs déracinés. A l’époque, ceux-ci étaient supposés être là pour un temps limité ; la conception d’appartements F6 « réversibles » après enlèvement des cloisons installées dans les chambres incluait ainsi la possibilité de l’installation de familles après leur départ.

1970-1990 : de grands ensembles inspirés de la Charte d'Athènes

Fin des années 60, l’apport de main d’œuvre étrangère s’accroît. Une nouvelle structure architecturale plus individualisée est alors conçue : les F1/2.

Il s’agit non plus d’appartements familiaux reconvertibles mais de barres, de tours de plusieurs étages capables d’accueillir plus de 300 personnes. A chaque étage, des chambres individuelles de 7,5 m2  (après séparation en deux par cloison d’une chambre de 15 m2) plus confortables, avec lavabo, sont alignées le long d’un couloir.

La notion d’unité de vie est généralisée, chacune comprenant une vingtaine de chambres, une cuisine, salle à manger et des sanitaires à partager. Des espaces collectifs dédiés aux loisirs et à l’instruction sont prévus au rez-de-chaussée et au premier étage : caféterie, salles de réunion, buanderie.

Le succès de ce type de foyer est remarquable puisqu’en 1976 un foyer sur deux est de type F1/2 et un sur trois de type F6. L’Ile-de-France comptera 73  foyers F1/2 et 47 foyers F6. La généralisation et la systématisation des formules architecturales F6 et F1/2 ont conféré peu à peu à ce type de logement un caractère stable, durable et tangible dans l’espace urbain.

Adoma fait la preuve ainsi de son savoir-faire en maîtrise d’ouvrage et aussi sur le plan foncier (la construction d’un foyer de type F6 nécessite une surface minimale de 5 000 m2).

1980 - la réhabilitation des anciens foyers

A partir des années 1980, dans le cadre de loi de la lutte contre l’exclusion, Adoma élargit sa mission à l’accueil de toute personne en situation de précarité, quelle que soit sa nationalité, homme ou femme. Elle va au fil des années adapter ses réalisations au profil de sa clientèle.

Adoma entreprend une réhabilitation à l’identique de ces premiers foyers F6. Il s’agit davantage d’une rénovation puisqu’elle consiste essentiellement à décloisonner les chambres de 4,5 m2 et les rendre plus confortables, en maintenant la conception d’unités de vie partagées. La structure poteau poutre des bâtiments offre une souplesse de restructuration et donc la possibilité de créer plusieurs types de logements. Selon les années de programmation et la nature des travaux, le coût au logement se situait de 30 à 50 K€.

A partir de 1997, un plan de traitement des foyers va être élaboré avec l’Etat et donner lieu dès 1999 à un contrat d’objectifs avec Adoma : la restructuration ou la démolition/reconstruction des foyers prévoit alors la création de logements tout autonomes, principalement des studios. La programmation donne la priorité aux foyers équipés de chambres de 4,5 m2 (F6) et 7,5 m2 (F1/2).

Plusieurs difficultés vont vite émerger dans la mise en œuvre de ce plan de traitement :sur le plan technique, le traitement des tours et des barres comporte l’étape inévitable du désamiantage des plafonds et des murs et un système d’évacuation des gravats conséquent. Le noyau central en béton armé qui abrite les circulations verticales est généralement conservé, mais la réhabilitation doit répondre aux exigences actuelles en termes de performances énergétiques et d’accessibilité. L’intervention sur les porteurs longitudinaux et/ou transversaux est souvent lourde avec parfois une restructuration des circulations verticales. La rentabilisation d’une telle opération est calculée au plus juste. En cas de bâti très atteint, la démolition est envisagée mais elle entraîne un coût financier et social très important.

D'autre part, Adoma se heurte au manque de foncier indispensable pour reloger une partie des résidents ou pour créer des sites de desserrement. Les chantiers ont lieu en milieu occupé et à un rythme morcelé.

1993 : Adoma crée la première résidence sociale

C’est à Evry en 1993 qu’Adoma conçoit et construit la première résidence sociale ; un an plus tard les décrets en officialisent le concept.

En 1999, la résidence Elsa Triolet toujours à Evry obtient le Prix de l’Equerre d’Argent pour ses qualités innovantes. Une recherche de qualité architecturale et urbaine que poursuit Adoma de nos jours, notamment au travers de l’organisation de concours qu’il s’agisse de construction neuve ou de réhabilitation d’un foyer.

Des résidences sociales avec services conçues systématiquement dans la démarche Cerqual Haute Qualité Environnementale, et dédiées à un public mixte.

Désormais, les projets de renouvellement du patrimoine de l'ancienne Sonacotra, engagés par Adoma dans son plan stratégique, ont un impact urbain, à l'échelle d'un quartier voire d'une ville. L'ère des chambres en unités de vie est révolue : les nouveaux logements-foyers d'Adoma sont des produits de droit commun.
publié le mercredi 6 Juillet 2011, mis à jour le mardi 9 Juillet 2019

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